Apparues il y a 15 ans, les plateformes ont révolutionné notre approche du service et du travail collaboratif. Elles ont conquis le grand public comme les entreprises, et leur adoption a été franche et massive. Airbnb, Uber, Google ou encore AWS sont les plus connues. L’hégémonie américaine est totale et sans partage sur ce marché colossal. Et pour les cabinets d’expertise comptable ? Des solutions existent et peuvent vous faire gagner un temps précieux.
Une plateforme c’est quoi ?
Une plateforme est une zone d’échange où l’offre rencontre la demande. Elle connecte des services et des biens à des utilisateurs dans l’objectif de leur proposer l’offre la plus large possible. Un peu comme l’ISS de Thomas Pesquet, c’est une station d’arrimage pour des entreprises qui proposent les services que la plateforme souhaite mettre en avant.
Le mot plateforme est avant tout une métaphore qui désigne une structure technique, voire une “architecture” (…). La plateforme n’est qu’une charpente, sur laquelle d’autres (usagers, entreprises, institutions) construisent.
Antonio Casilli, professeur de sociologie à Télécom Paris et chercheur au CNRS
Son principe fondateur est l’ouverture sur le monde extérieur, avec la mise en place de connecteurs qui permettent à des acteurs tiers de s’y arrimer facilement. Airbnb par exemple, qui offre un service clé en main aux particuliers qui louent leur appartement, ou Amazon qui permet à tout un chacun de créer sa propre boutique en ligne.
Au centre de cette station spatiale, le carburant, l’or noir du numérique : la data. Des terabytes de données, dont on a peine à évaluer l’immensité. La plateforme fait ce trait d’union entre la data et la multitude. C’est le volume de data qu’elle récupère, monstrueux, qui fait toute la force de la plateforme. Google et Facebook sont les premiers à tirer parti de ces volumes de données incommensurables pour améliorer leurs algorithmes de ciblage publicitaire.
La plateforme tire profit de ce que l’on appelle l’effet de réseau (aka le network effect) : plus l’offre est grande, plus les utilisateurs sont attirés. Et plus il y a d’utilisateurs, plus les annonceurs viennent en étoffer l’offre. Cet effet de levier est exponentiel. Jusqu’à ce que la plateforme devienne incontournable sur son marché (parfois trop, c’est là tout l’enjeu politique du moment vis-à-vis de l’hégémonie des GAFAM).
Des plateformes différentes pour des enjeux identiques
Nick Srnicek, philosophe et enseignant britannique distingue cinq types de plateformes :
– Les plateformes d’annonceurs (advertising platforms) qui extraient et analysent les informations des utilisateurs pour ensuite vendre de l’espace publicitaire (Google, Faceboook ou LinkedIn)
– Les plateformes industrielles (industrial platforms) qui connectent les processus manufacturiers. On peut citer MindSphere de Siemens ou Predix de GE, qui introduisent des capteurs et des puces dans la chaîne de production pour améliorer la traçabilité logistique
– Les plateformes de produits (product platforms) qui commercialisent l’accès à des biens et des ressources, comme Mihy pour les experts-comptables par exemple
– Les plateformes allégées (lean platforms) qui, comme Airbnb, Uber ou Deliveroo ne possèdent pas les actifs dont elles tirent profit
– Les plateformes en nuage (cloud platforms) qui louent du stockage de données, comme Amazon Web Service ou Google Cloud
Si les applications de ces plateformes sont bien différentes, leurs enjeux sont souvent les mêmes :
– Développer leur écosystème, pour faire venir un maximum de parties prenantes – clients, partenaires, concurrents, communautés – et créer de la valeur au-delà de l’entreprise. Plus il y a d’intervenants, plus l’écosystème est prospère
– Disposer d’un grand nombre de connecteurs, pour permettre à tout un chacun de s’y arrimer
– Et pour garder ses utilisateurs dans la durée, deux éléments indispensables 1. Offrir la meilleure expérience utilisateur au monde, comme Amazon et son achat en un clic par exemple, et 2. Proposer le meilleur service client pour garder les utilisateurs satisfaits
Quel est l’intérêt ?
Les plateformes numériques sont des outils puissants qui permettent à différents acteurs de travailler ensemble. En faisant sauter les barrières, elles transcendent les structures organisationnelles traditionnelles, les silos, les politiques et les investissements technologiques pour permettre l’adoption du nouveau modèle qu’elles proposent.
Le succès d’une plateforme numérique ne dépend pas des technologies qui la composent, ni de sa mise en œuvre. Comme la data, les technologies numériques ne créent aucune valeur. Le succès dépend de l’adoption de la plateforme par les utilisateurs et d’un changement culturel au sein de l’organisation. La vraie difficulté, c’est d’être LA plateforme que tout le monde choisit !
Difficile aujourd’hui de naviguer dans l’offre pléthorique des outils B2B : ils fleurissent un peu partout, mais rien pour les connecter. Des startups se créent tous les jours pour vous proposer un outil qui va régler l’un de vos 2 648 problèmes. Or, à force de démultiplier le nombre d’outils, 1. les utilisateurs s’y perdent, mais surtout 2. ça coûte cher ! Et à chaque interface on doit réaliser une opération manuelle. Le temps gagné grâce aux outils est perdu à essayer de faire circuler la donnée de l’un à l’autre. Rien de plus frustrant.
Le challenge de ses prochaines années, c’est de trouver la plateforme qui va fédérer tous ces outils et fluidifier le parcours des données au sein des entreprises.
Et pour mon cabinet d’expertise comptable ?
De nombreuses plateformes collaboratives existent bien sûr, mais la meilleure reste évidemment la nôtre (en toute humilité) 😊
Notre ambition : être l’assistant de l’expert-comptable pour l’aider à devenir le DAF de ses clients. Cette ambition, nous allons l’atteindre en 3 foulées :
1. La collaboration : l’expert-comptable et son client travaillent de concert. Fini les échanges de mails laborieux et interminables, ils dialoguent ensemble sur Mihy comme ils pourraient le faire sur Facebook ou Instagram. Un maximum d’opérations sont automatisées pour leur faciliter la tâche
2. L’interconnexion : on connecte notre plateforme à tous les outils utilisés par les cabinets d’expertise comptable ET ceux de leurs clients. Le but, désiloter les données et fluidifier leur parcours au sein du cabinet. Facturation, achat, gestion de paye, notes de frais, toutes les données sont regroupées au même endroit et disponibles à tout moment.
3. La valorisation : notre compétence principale, c’est l’analyse de données. Nous souhaitons exploiter ce gisement de données inutilisées à ce jour afin de valoriser le métier d’expert-comptable. Grâce à elles, la plateforme est en mesure d’identifier une situation à risque ou un changement notable dans la vie de l’entrepreneur. Elle propose ensuite des solutions que l’expert-comptable peut mettre en œuvre pour aider son client.
La plateformisation est LA réponse à la démultiplication des outils de gestion dans les cabinets et chez les clients : une plateforme centrale et quelques outils périphériques choisis avec soin qui dialoguent parfaitement entre eux et qui surtout répondent précisément aux besoins de votre client.
Pour aller plus loin
Pour aller plus loin sur ce sujet ô combien central, nous vous recommandons le livre “Platform Revolution”, qui explique comment Facebook, PayPal, Alibaba, Uber, des entreprises apparemment disparates, ont bouleversé des secteurs entiers en exploitant un phénomène unique : le modèle commercial de la plate-forme. Platform Revolution détaille la façon dont les plates-formes utilisent la technologie pour faire correspondre les producteurs et les consommateurs dans un marché multiforme, débloquant des ressources cachées et créant de nouvelles formes de valeur.
Et pour terminer, sachez que la BPI lance un appel à projet sur ce sujet ô combien brûlant : “Plateformes numériques et mutualisation de données pour les filières”, ouvert jusqu’au 24 novembre 2021.
Vous êtes maintenant un professionnel des plateformes collaboratives ! A très vite pour un prochain post 👋